Pendaison de crémaillère

Constatations matinales: le bain est rempli d’eau où gisent quelques bouteilles de bière. La porte du lave-vaisselle est ouverte, exhibant de belles assiettes blanches et beaucoup d’ustensiles de cuisson. La cuisinière est jonchée de petites assiettes à dessert salies par les petits fruits et la crème fouettée. Mon robot culinaire est encore branché, les poubelles sont pleines, les armoires à verres sont vides et je n’ose même pas regarder dehors. Trop tard, j’ai vu la scène du crime… Il y a tellement de bouteilles de bière et de vin dressées sur la table de patio qu’on dirait la ville de New York esquissée maladroitement.

Les souvenirs frais de notre pendaison de crémaillère refont surface et je me mets à rire. Une invitée échappe du jus de viande sur sa cuisse, mon conjoint tombe en bas de sa chaise (heureusement qu’il n’était pas blessé parce que, évidemment, j’étais morte de rire donc incapable d’aller l’aider à se relever après avoir entendu sa chaise faire un «crac») et quelques fragments du tournoi de blagues grivoises reviennent à mon esprit.

C’est qu’elle était parfaite cette soirée, très arrosée et les invités s’entendaient harmonieusement bien. Cette célébration représente pour moi l’aboutissement de tous les efforts que nous avions faits pour faire de notre nid un endroit agréable, pratique et surtout gourmand. C’est aussi une façon de rencontrer de nouvelles gens, de faire des liens entre les anciens et les nouveaux amis et surtout ça donne une maudite bonne excuse pour savoir qui va se rendre jusqu’au bout de mon menu!

Le menu s’est réalisé dans un bouillon d’idées fort simples, généreuses en saveurs et en quantité. Des olives farcies à l’ail, du chorizo, des pailles au cheddar fort, des pois chiches grillés aux herbes italiennes et au parmesan ouvrent l’appétit avec facilité. Un pichet d’eau glacée au concombre désaltère rapidement celui qui s’expose à la chaleur de l’été.

Afin d’apprivoiser le goût et de faire briller les yeux des invités, je prépare deux petites bouchées crémeuses. Sur un Triscuit, je dépose de l’hummus maison et du poivron rouge grillé. Pour la deuxième, je beurre une croustille d’aneth épicé de la marque Choix du Président d’un mélange crémeux de saumon fumé norvégien, de fromage à la crème et d’oignon rouge et le tout couronné de caviar. Je n’ai aucun regret d’avoir utilisé 2 produits usinés pour qu’ils agissent à titre de canevas. Ces deux amuse-papilles se sont envolés comme des petits ponchos (sic).

Vous vous dites probablement qu’une trempette de légumes, c’est tellement ennuyant et tellement cliché! Peut-être, aux yeux des blasés, mais aux yeux des coeurs légers, la trempette est synonyme d’été, de fraîcheur et de facilité pour développer le maximum de saveurs. Lasse de prendre les mélanges commerciaux souvent fades, j’opte pour des oignons blancs et de l’ail qui suent quelques minutes dans un gros poêlon. Lorsque l’appareil est tiède, j’incorpore de la mayonnaise et de la crème sûre auxquelles j’ajoute de la ciboulette, un peu de sel et de poivre. That’s it, that’s all. Pourquoi faire compliqué?

J’aime beaucoup les légumes grillés et le feta. Cette salade de rotinis au feta, olives noires, tomate cerise, concombre et poivron grillé à la vinaigrette aux tomates séchées fait le plaisir de tous sans contredit pour son goût familier et franc.

J’espère recevoir une mention honorifique du Guide alimentaire canadien pour avoir gavé mes invités de légumes frais! Blague à part, cette salade de brocoli, raisins de Corinthe, amandes grillées, oignon rouge et vinaigrette crémeuse à la framboise en a étonné plusieurs. J’ai même entendu que jamais ce mélange n’aurait mis en appétit une de mes invitées qui n’aime pas du tout les raisins secs. Elle a maintenant changé d’avis!

Non, mais, eille, on l’a-tu l’affaire icitte?! Le barbecue est le meilleur des alliés, été comme hiver. Ces brochettes cuisent rapidement. Elles sont tendres, juteuses et leurs parfums explosent en bouche. Je les accompagne d’un riz au citron. Le poulet marine depuis plusieurs heures dans la mayonnaise, l’origan séché, le jus de citron, la moutarde de Dijon et dans l’ail. Le boeuf, quant à lui, baigne dans la sauce soja, l’ail, l’huile de sésame et le jus d’orange fraîchement pressé. Le porc est enrobé de ketchup, de vinaigre de vin rouge, d’ail, de poudre d’oignon et de sauce forte. Imaginez-vous toutes ces odeurs de viandes grillées qui embaument la cour et qui séduisent le nez de mes invités. Alléchant, n’est-ce pas?

Pour dessert, rien de plus léger qu’un gâteau des anges aux petits fruits et à la crème fouettée. Il était impensable pour moi d’exclure des fruits frais et le chocolat pour les fous de cacao. C’est salissant, grossier, mais c’est tellement bon de manger avec ses doigts!

Quelle soirée magnifique!

Chers lecteurs, ça fait du bien de revenir chez soi. Je vous remercie d’être venus me visiter pendant mon absence temporaire. M’enfin, ce n’était pas vraiment une absence: disons que je le vois plutôt comme un retour longuement mijoté afin de vous donner le meilleur de moi-même.

P.s. Pour mon anniversaire, mon conjoint m’a offert de la littérature pornographique.

À lire absolument en solo, en duo, en orgie!

Le printemps passe au gril

Qui dit printemps dit barbecue, bière froide, rosé et ingrédients frais. J’aime le barbecue non seulement pour son goût mais aussi parce qu’il permet de cuire plusieurs types d’aliments en même temps, de l’entrée jusqu’au dessert.

Un des plaisirs que je chéris le plus, c’est d’aller faire les emplettes tôt dans la journée afin que je puisse me mettre aux fourneaux le plus rapidement possible. Ce midi-là, j’ai une rage de pétoncles et il me reste une tête de chou-fleur. Je me rappelle que la chef québécoise Caroline McCann fait une appétissante purée de chou-fleur avec ces perles de la mer.

Même si je n’ai pas tous les ingrédients utilisés par la chef (contrairement à elle, j’utilise un cheddar âgé de 5 ans, de la crème 35% et une tête de chou-fleur blanche), cette purée à la lime est délicieuse avec des pétoncles cuits à la poêle à sec. J’accompagne ce repas d’une poignée de jeunes pousses de tournesol avec quelques gouttes de vinaigre de riz ainsi qu’un trait de l’huile d’olive La Belle Excuse. C’est surprenant comme les arômes soutenues du tournesol s’accordent parfaitement avec la douceur et la tendreté du pétoncle et le côté crémeux/laiteux/acide de la purée. Inutile de mentionner que le croûton à l’ail sert de substitut de langue pour lécher le fond de l’assiette. J’accueille le printemps en toute festivité!

Cette image indécente reflète bien ces débuts de soirées jazzées cool printanières. Une brise de fin de journée entre par la porte patio, une odeur d’herbe fraîche sillonne l’air et je fais rouler une gorgée de vin sur ma langue en choisissant mon couteau préféré pour faire la mise en place.

Si vous ne l’aviez pas déjà fait, je vous suggère d’essayer cette entrée ultra-rafraîchissante composée de melon d’eau, de feta d’excellente qualité, d’origan et d’huile d’olive. Vous n’en reviendrez pas.

Un autre incontournable d’inspiration estivale: les pommes de terre en papillote. Je suis désolée pour les ventres anti-féculent mais je préfère vous avertir de ne pas lire les prochaines lignes qui suivent. Les pommes de terre en papillote sur le barbecue sont de l’amour dans un sac de couchage d’aluminium. Ça ne fait pas de sens mais quand vous goûtez à une rondelle mi-croustillante, mi-tendre, mi-beurrée et bien assaisonnée (ne vous vous inquiétez pas pour ma compréhension des fractions) vous êtes prêts à dire n’importe quoi vous aussi tellement c’est orgasmique.

Il en est de même pour les brochettes de crevettes au beurre à l’ail et les côtelettes d’agneau doucement marinées dans l’huile d’olive et parfumées au romarin frais. Les odeurs dégagées par le gril pénètrent les chairs et leur donnent une saveur hallucinante. Pendant la cuisson des protéines, les brochettes de légumes brunissent lentement. Le temps de réchauffer les pitas, de sortir le tzatziki, de déboucher la bouteille de rosé et tout est prêt à être déshabillé lentement des yeux puis englouti sans remords.

Le yogourt semble de plus en plus populaire. Si ce n’est pas le cas, disons que les publicités tentent de le rendre le plus décadent possible et je ne suis pas insensible à ces diverses images montrant des bouches pleines jouissant à chaque cuillerées. Même si je n’ai pas mis la patte sur le « plusse meilleur yogourt au monde » vanté dans les pubs actuelles, je ne regrette aucunement mon choix qui s’arrête sur le yogourt grec Liberté 0% au miel. D’habitude, les produits laitiers trop réduits en gras me font grincer des dents pour leur manque de « oumpf » mais cette fois, je crois que j’ai mangé le meilleur yogourt. J’ai l’impression que je dois voir le fond du pot tellement il est riche, assez acide et tellement crémeux. Je rajoute un peu de miel québécois bio afin de donner une explosion de saveurs florales et boisées en bouche. Les pistaches grillées à la poêle ne peuvent que perfectionner ce joli et agréable dessert.

Ah! La saison est jeune, le temps est beau et j’ai tellement d’idées sexy à marquer au fer rouge sur un lit de charbon!

http://www.zeste.tv/emission/1-ingredient-3-facons/episode/1840-chou-fleur