Quand le plaisir est la seule source de réconfort

Un rhume guéri et une dent de sagesse enlevée plus tard, je me relève comme si j’avais transpercé la terre de mon poing et que mon corps s’étirait vers le soleil.

Il y a toujours pire dans la vie, mais personne ne souhaite passer par cette symphonie de petits désagréments pendant une extraction dentaire, aussi mineure soit-elle: tête lourde, oreilles et nez bouchés, joue qui enfle, corps complètement désenraciné de lui-même à cause des antibiotiques et des anti-inflammatoires… Heureusement, j’ai la chance d’avoir un dentiste extrêmement professionnel, doux et à l’écoute. Également, je n’ai pas hésité à consulter la chiro, l’ostéo et le masso (c’est samedi prochain, iiiiiiiiiiiiiii!) pour mon dos, la symétrie de ma mâchoire et pour mon équilibre physique et mental général.

Pour moi, le plus déprimant, c’est de ne pas sentir. Bien sûr, la langue reconnaît le sucre du fruit, le sel du beurre, le vinaigre de l’olive et l’amer du gin (ahum!) mais toutes les subtilités des parfums et des nuances sont cachées, tristement temporairement inexistantes. Je me sens privée injustement, quasi handicapée, comme si mon pouvoir de donner du plaisir et de créer en cuisine s’était volatilisé.

Malgré tout, j’ai d’autres qualités et, même si je tolère peu le fait d’être malade et vulnérable, je dois apprendre à laisser aller les choses. Je me suis donc résignée à prendre mon mal en patience en me forçant au repos. Le but, c’est de ne pas guérir plus vite (parce que si vous pouvez vous débarrasser d’un rhume en 5 jours, je veux votre recette!) mais de rendre ce moment d’attente un peu moins désagréable.

Passons à autre chose: après une pénurie involontaire de plaisir, qu’est-ce qu’on mange? Comment réveiller ces papilles trop longtemps endormies? Comment réapprivoiser le goût, la texture et la profondeur des aliments?

Aujourd’hui, j’ai envie de douceur, de chaleur, du sein nourrissant de la mère. Ne déformez pas ce que je dis, la figure maternelle est beaucoup plus puissante et significative dans votre assiette que vous ne le croyez: pour la plupart d’entre vous, avec tout mon respect, elle était votre ressource naturelle première après tout!

Je me tourne donc vers la cuisine de la mamma italiana. Dans mon esprit, elle veut nourrir, soigner et surtout faire plaisir avec toute la simplicité, la richesse et la fraîcheur du panorama culinaire italien. Je ne tiens pas à exécuter nécessairement les plus grands classiques. Je poursuis plutôt l’idée de me rappeler de la cuisine chaleureuse et englobante maternelle, peu importe la culture.

Tartinade aux haricots blancs et à l'ail rôti

Une tartinade de haricots blancs et d’ail rôti ouvre bien le bal. Étalée grassement sur un ciabatta grillé au beurre, cette purée dense est ravivée par l’ajout de persil italien frais et d’un filet d’huile d’olive au goût d’herbes (comme La Belle Excuse). Il suffit de mettre une boîte de haricots blancs rincés dans un robot mélangeur et d’y ajouter le zeste d’un quart de citron et le jus de la moitié d’un citron. Faire cuire une tête d’ail huilée au four à 400 F pendant 35 minutes et la laisser tiédir à la sortie du four. Presser l’ail dans l’appareil et mélanger jusqu’à l’obtention d’une purée lisse. Ajouter sel et poivre, goûter et rectifier l’assaisonnement.

Salade d'antipastiCette salade d’antipasti satisfait le plus vorace des appétits. Les antipasti sont des préparations culinaires italiennes servies en entrée ou en hors-d’oeuvre. On y retrouve du fromage, des légumes marinés et des charcuteries recouverts d’huile d’olive et de fines herbes. Comme je raffole des salades, ce plat me convient parfaitement. Mélanger la moitié d’un petit bocal de coeurs d’artichauts grossièrement hachés, quelques fines tranches d’oignon rouge, une tomate italienne en dés, un poivron rouge grillé et deux branches de céleri haché à de la laitue romaine coupée en lanières. Prendre une poignée d’olives vertes de Cerignola, les hacher et les ajouter à la salade. Elles se trouvent en épicerie et ont un goût très délicat et herbacé puisqu’elles ne baignent pas dans une mer huileuse et vinaigrée. Couper du provolone et du salami en dés. Vraiment, pour les férus de protéines, faites-vous donc plaisir! Pour la vinaigrette, fouetter du vinaigre de vin rouge à un peu de sucre. Incorporer de l’huile d’olive en filet en continuant de fouetter. Ajouter du persil, du thym et de l’origan au goût. Mélanger tous les ingrédients et savourer!

Spaghetti carbonara

Synonyme de richesse, le spaghetti carbonara a la texture du velours lorsqu’il est bien exécuté. Couper une échalote française et deux gousses d’ail en brunoise. Faire cuire des lardons à feu moyen et, après 4-5 minutes de cuisson, ajouter l’ail et l’échalote. Réserver. Dans une grande casserole, cuire les spaghettis dans l’eau salée comme il est inscrit sur la boîte. Égoutter et y ajouter l’appareil à bacon. Dans un bol, fouetter deux gros oeufs avec 1/2 tasse de crème à 35% et une grosse poignée de parmesan fraîchement râpé. Saler et poivrer. Maintenant, voilà le moment où ça passe ou ça casse. La casserole dans laquelle se trouve les pâtes doit être hors du feu. Avec des pinces, mélanger les pâtes en y incorporant d’un coup le mélange d’oeuf. Cette sauce doit couvrir et non cuire au fond de la casserole. Ne soyez pas inquiets, en mélangeant les pâtes correctement, les oeufs ne cuiront pas. Rectifier l’assaisonnement. Difficile de trouver un plat plus indécent et plus cochon!

Café affogato

Comment finir un repas en beauté? En y mettant du café! Le café affogato est un dessert italien où l’on verse de l’espresso sur de la crème glacée. Je vous assure, il vaut la peine d’investir dans une crème glacée de qualité supérieure, comme le gelato. Dans un verre, déposer 2-3 boules de gelato à la vanille, verser un café espresso, ajouter une grosse cuillère (ou 2, c’est mieux!) de crème fouettée et émietter des biscuits italiens à l’amaretto ou des doigts de dame. C’est un délice crémeux inoubliable!

Ah, chère Italie, que tu es sensuelle, maternelle, douce et piquante!

Buon appetito!

*** Toutes les recettes, sauf le spaghetti carbonara, ont été prises de la cuisine familiale de Buddy Valastro, pâtissier américain, que vous pouvez consulter en détails sur le site http://www.zeste.tv